Avec cette première édition de Coordonnées, la jeune association Bulb et la ville de Pantin dévoilent la richesse et la diversité de la production artistique contemporaine de la Seine Saint Denis.

Du 13 au 17 avril 2016, six expositions temporaires couvriront les œuvres de cinquante artistes et deux temps forts viendront rythmer la programmation avec une soirée de projection de films courts au Ciné 104 (Emirhan Eringen, Martin Le Chevallier, Julien Prévieux, Marie Reinert) et une soirée le samedi 16 avril à la Galerie Thaddaeus Ropac présentant les sculptures de Tony Cragg sur fond de DJ set.

Cherchant à questionner les influences des modèles économiques contemporains sur la création artistique de la génération post-crise, le parcours s’organise autour d’ateliers, à la fois espaces de production et d’exposition, souvent trop précaires ou confidentiels malgré leur programmation très active.

A l’Atelier W, « Entrées extraordinaires » s’articule autour d’archives récoltées à la fermeture de l’usine pantoise Motobécane en 1988 dont les matrices en bois destinées aux tirages des pièces permettent de penser des modules d’exposition et servent de fil conducteur aux propositions artistiques, abolissant les dinsctintions entre objets industriels et œuvres d’art.

Un recyclage du passé qui s’opère également ChezKit où les artistes ont proposé, à partir de matériaux de récupération, une scénographie soignée, minimaliste et très éclatée.


La dynamique de ces dispositifs est basée sur un jeu d’échange qui invite le visiteur à apporter une œuvre qu’il échangera contre une autre qu’il aura tiré au sort.


Vue de l'atelier ChezKit

Vue de l’atelier ChezKit

Ici le hasard est une analogie au risque, propre à la carrière d’artiste. A rebours de l’individualisme et de l’économie où l’argent est garant de l’appropriation, le désir de possession est alors reporté sur le jeu et le collectif.

Au sein du même bâtiment, les œuvres exposées à l’atelier Entre deux revisitent les traditions de manière décalée à travers différents médiums que sont la vidéo, identitaire chez Marcos Avila Forero ou la céramique, provocante chez Jessica Lajard. Dans cette même volonté de trouver un équilibre fragile entre passé et présent, d’autres œuvres captent un moment suspendu comme les résidus d’atelier organisés par Estela Alliaud, ou les rendez-vous photographiques de Flore Chenaux.

Marcos Avila Forero, vidéo HD 16/9, 2014

Marcos Avila Forero, vidéo HD 16/9, 2014

Au Celsius, le printemps a droit à son exposition de saison, l’occasion pour les artistes de dévoiler la vie de l’atelier et de tisser des liens entre leurs pratiques. A l’étage, la lumière perçant la verrière vient mettre en exergue une peinture de Julien des Monstiers, qui aborde la corrélation entre artisanat et art, tant dans la répétition des gestes que dans le choix du motif, ici issu de la tapisserie.

Vue de l’exposition au Celsius, avec l’œuvre de Julien des Monstiers 

Vue de l’exposition au Celsius, avec l’œuvre de Julien des Monstiers

Exprimée dans le geste ou le matériau, l’« économie » est mise à l’épreuve à la Galerie Louise à travers l’exposition « Minimum vital » : Marion Orcel accumule les titres de transport pour en faire des paysages panoramiques, quand Bertand Henri rapporte de ses trajets en métro les dessins captivants qui foisonnent sur son agenda, résonnant avec la réalité brute de Dotothée Davoise qui cadre et photographie sans artifice. La sobriété et la discrétion du trait prennent forme chez Nicolas Guiet, dont la sculpture d’un gris sourd vient s’insérer in situ au volume de la pièce, ou encore chez Pauline Deltour qui exprime l’humilité d’une maison d’exception à travers les formes pures de ses objets de poche réalisés pour Puiforcat.

L’atelier Popkimoto a quant à lui décidé d’interpréter l’économie en temps que « dépense » au sens large. Musculaire, cérébrale, pécuniaire ou électrique, la dépense est un flux, exploré chez Rada Boukova et Shanta Rao à travers une installation d’objets courants privés de toute fonctionnalité au profit de la création d’un autre type d’énergie, collective, visuelle et magnétique.

Pluriel et dense, le parcours se dessine ainsi autour d’interventions à la fois autonomes et collectives, résultant à la fois des problématiques de production et de diffusion de l’art contemporain, mais aussi d’une réflexion innovante sur le lien humain et le tissu social.

Vue de l’exposition « Minimum vital » à la Galerie Louise, avec les œuvres de Dorothée Davoise et Bertand Henry

Vue de l’exposition « Minimum vital » à la Galerie Louise, avec les œuvres de Dorothée Davoise et Bertand Henry

Plus d’informations

Le site de Bulb

Bulb est une association d’action culturelle et artistique créée en 2011 et présidée par Guillaume Lasserre.

Pour Coordonnées, elle a invité le couple d’artistes Amélie Weirich et Federico Fierro à assurer la direction artistique du parcours.