Rentrer dans une chambre photographique procure une étrange sensation, comme une entrée dans un monde obscur et mystérieux. Il en est ainsi pour l’atelier de Yasmina Benabderrahmane, qui pratique tant la photographie que la vidéo. Dans le travail de Yasmina Benabderrahmane, la question du corps est prégnante, qu’il soit motif ou matière. Ainsi, dans son installation vidéo « Bain Céleste », l’artiste déploie sur trois écrans la prise de vue du décollement de l’émulsion photographique. La photographie représente un corps dont l’environnement est altéré par ce processus chimique, appelé « mordançage ». Double référence au corps puisque l’on retrouve cette opération chez les dentistes et coiffeurs, et qui permet de fixer un colorant. L’œuvre sonore et visuelle offre alors une captation d’un corps statique, véritable paysage rogné et mouvant sous l’action du liquide acide, dont l’épiderme se matérialise par le délitement de la « chair photographique ». Le fredonnement doux et langoureux de l’artiste attire le spectateur tel l’irrésistible chant des sirènes. Les crépitements du papier qui se consume et les clapotis, provoqués par Yasmina Benabderrahmane en remuant la photographie dans le bain chimique, accentuent cette atmosphère de ténèbres sous-marines. Ce processus de révélation par la destruction est une émanessence de l’objet, par jeux de surfaces et de transparence, que l’on retrouve également dans les photographies de l’artiste. Impossible alors, ne pas y déceler un rapport à la peinture.
Crédit Photo ©Coraline De Chiara
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Le site de l’artiste
Yasmina participe à l’exposition Panorama 17 – Techniquement douce visible jusqu’au 3 janvier 2016 au Fresnoy, Tourcoing (59).