Un canal, une passerelle, des grillages, un lieu ambigu en attente de reconversion…
ThunderCage, littéralement « cage du tonnerre », est un espace d’exposition sauvage situé au bord du Canal Saint-Denis à Aubervilliers, qui accueille des projets éphémères sous forme de Battles visuelles entre deux artistes invités le temps d’une journée, le dimanche. L’évènement en plein air invite les passants, qui deviennent spectateurs captifs, à découvrir des interventions plastiques sur leur trajet, dans l’espace public.
Accolée à un ancien pont tournant de la fin du XIXe, la passerelle, située dans une zone en devenir et en pleine mutation est comme figée dans un lourd passé industriel entre un centre de recherche Saint Gobain d’un côté du quai et une entreprise de recyclage de métaux de l’autre. Seul passage piéton « doux » pour traverser le canal sans trop d’encombres pour les riverains dans une ville où les travaux sont omniprésents (futur métro, programmes immobiliers, écoles,…), la passerelle semble pourtant presque abandonnée, désuète – et bien souvent évitée à la tombée de la nuit.
À l’initiative d’un artiste travaillant dans un atelier à quelques encablures, nous rencontrons « l’arbitre du jeu » pour quelques questions express dans cet espace étrange que l’artiste présente comme sa « dent creuse ». Populaire mais exigeant, on aime ce genre d’initiative, qui ne tombe pas dans la complaisance ou l’infantilisation visuelle.
Le prochain clash est d’ailleurs déjà fixé, ce sera pour le dimanche 5 mai avec les artistes Lise Stoufllet et Gabriel Haberland.
ThunderCage, mais c’est quoi ce truc ?
ThunderCage est une rencontre, un échange, entre deux artistes et deux pratiques dans un contexte public mais intime à la fois. Je le définis comme un non-lieu d’exposition.
Comment cette idée d’appropriation a t-elle émergée ?
Dans ma pratique personnelle, je réalise souvent des projets qui font échos à la ville, à l’urbanité. J’aime m’approprier l’espace public et questionner la place de l’œuvre hors de son contexte classique d’exposition. La notion d’happening m’intéresse beaucoup aussi.
L’imaginaire du combat, des cages de MMA (Mixed Martial Arts), du divertissement..on est assez loin de l’idée que le public peut se faire de l’art contemporain non ?
Les querelles entre artistes existent bien. Et la compétition féroce du milieu artistique est une réalité. Les signes que sous-tendent ces enjeux sont finalement assez proches des codes issus du monde du Rap ou de la boxe par exemple. D’ailleurs ces deux pratiques, avant de devenir des grands pôles de divertissement contemporain, viennent de la rue.
Mais tu n’a pas eu de problèmes à organiser ce type d’intervention sauvage ?
Pour cette première édition tout s’est très bien passé. Le lieu a été nettoyé par nos soins, et les œuvres installées ne présentent aucun risques de sécurité pour les passants !
Finalement, est-ce que ce projet peut également être envisagé comme un moyen de rendre plus agréable ce passage pour les riverains ?
Oui, l’objectif est bien d’animer ce passage et de ramener un peu d’esthétisme au quotidien. Pour le coup c’est une vraie « action culturelle », terme d’ailleurs très utilisé en ce moment pour un peu tout et n’importe quoi. J’aime à penser que les riverains puissent réfléchir à tout ça, prendre du recul et surtout, qu’ils puissent échanger avec nous, artistes.